Dès sa fondation en janvier 1800, et en attendant l’émission de ses propres billets, la Banque de France utilisait ceux de la Caisse des comptes courants, sur lesquels elle inscrivait la mention « Payable à la Banque de France ». Cependant, ses premiers billets ont été mis en circulation dès juin-juillet 1800, avec deux dénominations distinctes : 500 francs et 1 000 francs.
Ces montants faciaux étaient considérablement élevés étant donné que 500 francs constituaient alors un montant très significatif : à titre d’exemple, à cette époque, cela équivalait approximativement à cinq mois de salaire d’un ouvrier à Paris. À cette époque, les billets de banque n’étaient pas du tout un moyen de paiement largement adopté : ils étaient destinés aux grands commerçants et industriels pour simplifier leurs transactions. Cette dimension exclusive du billet correspondait à l’état d’esprit de l’époque en France, profondément méfiant vis-à-vis de la monnaie papier. Les expériences antérieures, encouragées par l’État (le système Law de 1716 à 1720, les assignats durant la Révolution), ont en effet conduit à des échecs spectaculaires et à la faillite d’un grand nombre d’épargnants, entraînant le dédain pour la monnaie papier dans presque toutes les classes sociales.
Ces premières coupures présentent des motifs décoratifs inspirés de ceux utilisés dans les billets de la Caisse des comptes courants, créés par des artistes expérimentés (dont Charles Percier, qui, avec Fontaine, a été mandaté par Napoléon 1er pour construire l’arc de triomphe du Carrousel et l’aile du Louvre sur la rue de Rivoli). Les représentations de dieux (Vulcain, Apollon, Cérès et Poséidon) ainsi que les motifs inspirés de l’antiquité sur le billet de 500 francs témoignent de l’enthousiasme des artistes de cette époque pour la période gréco-romaine.
L’existence de Vulcain, le dieu des forgerons et gardien de ceux qui frappent monnaie, est hautement symbolique : elle met en relief que le papier-monnaie a une valeur équivalente aux pièces métalliques en or ou argent.
Les premiers billets, imprimés en noir et blanc, intégraient plusieurs éléments de sécurité destinés à en garantir l’authenticité. Parmi ces dispositifs figuraient le talon, qui permettait de vérifier un billet en le comparant à sa souche conservée à la Banque de France, le filigrane, ainsi qu’un timbre sec obtenu par gaufrage, appliqué simultanément sur le recto et le verso du papier.
Ces billets portaient également cinq signatures de responsables de la Banque de France : sur le recto, celles de deux régents et du directeur général, et sur le verso, celles du contrôleur général et du caissier général.
Le nombre de ces premiers billets encore existants aujourd’hui est extrêmement réduit. Cela s’explique par leur très haute valeur faciale et le faible volume de leur émission.